Les enquêtes internationales comme PISA, Timss et Pirls pointent régulièrement un certain retard français et des inégalités de réussite liée à l'origine sociale des élèves parmi les plus importantes au monde. Et si c'était dû à une insuffisante prise en compte en France des résultats des recherches scientifiques en éducation, pourtant largement diffusés dans les autres pays ?
Les enseignants en ont rêvé, John Hattie, Gregory Yates et leur équipe de chercheurs australiens l'ont fait ! Ils ont passé en revue des milliers d’études concernant les recherches en pédagogie, en psychologie de l’éducation et en sciences cognitives. Et les résultats sont là : certaines pratiques d'enseignement sont efficaces, d'autres sont beaucoup moins pertinentes.
Dans ce livre, vous découvrirez pourquoi la confiance des apprenants envers leurs enseignants et le droit à l'erreur sont primordiaux et en quoi le feedback est un outil puissant. Vous verrez comment les enseignants expérimentés se concentrent sur l'essentiel afin de ne pas augmenter la charge cognitive de leurs élèves, comment ils organisent leurs explications en séquences brèves et intensives. Vous comprendrez pourquoi la « classe inversée » et l'enseignement explicite sont efficaces, tandis que l'apprentissage par la découverte accroît les inégalités entre élèves. Vous saurez guider vos élèves pour qu'ils puissent apprendre à résoudre des problèmes, étape par étape. Vous connaîtrez les meilleures manières de maintenir leur motivation, grâce à la réussite. Vous les aiderez à renforcer leur mémoire et à accéder à l'automatisation, deux clefs de la réussite scolaire. Vous leur conseillerez les meilleures méthodes de révision et les stratégies métacognitives les plus pertinentes. Vous pourrez aussi leur expliquer pourquoi l’“effet Mozart”, les “natifs numériques”, et les “styles d'apprentissage” visuel, auditif et kinesthésique, sont des mythes infondés.
John Hattie et Greg Yates offrent aux enseignants, en un seul ouvrage, la possibilité de mettre à jour leurs connaissances et leurs pratiques sur une base solidement étayée par la recherche scientifique ; les étudiants qui préparent les concours de l’enseignement trouveront des approches très concrètes, directement applicables dans leurs futures classes, et sauront construire des cours centrés sur l’apprentissage réel et durable des élèves ; les étudiants en sciences de l’éducation et en psychologie enrichiront leurs travaux universitaires avec des références pertinentes et peu connues en France, et apprendront à débusquer les idées fausses si répandues dans leurs disciplines.
Attendu impatiemment par le public francophone, ce livre fascinant brosse un tableau complet des résultats issus des sciences sociales et de la psychologie cognitive et les présente sous une forme claire et agréable. Nul doute qu’il contribuera puissamment à la transformation de l’enseignement que beaucoup appellent de leurs vœux.
Préface de Franck Ramus, directeur de recherches au CNRS, professeur attaché à l'École Normale Supérieure, Laboratoire de Sciences Cognitives et Psycholinguistique, membre du Conseil Scientifique de l’Éducation Nationale.
Adulé ou décrié, le travail du chercheur néozélandais John Hattie s’est imposé comme une référence dans la recherche internationale en éducation. Son livre Visible Learning, publié en 2008, synthétise 800 méta-analyses de 50000 études conduites sur plus de 100 millions d’élèves dans plusieurs dizaines de pays. Il vise à identifier les facteurs et les pratiques qui ont les effets les plus importants sur les apprentissages des élèves. Même si l’on peut critiquer différents aspects de la méthodologie avec laquelle il compile les résultats de multiples études, ce livre est un point d’entrée incontournable dans la recherche en éducation. Mais il intéressera avant tout les chercheurs et reste peu abordable pour les enseignants. Et après tout, les enseignants ont-ils bien besoin de connaître toutes ces études ?
De fait, ces recherches en éducation rencontrent deux limites fondamentales : premièrement, les études expérimentales en éducation, aussi nombreuses soient-elles, n’ont pas réponse à tout et ne couvrent pas toutes les pratiques et toutes les situations possibles. Deuxièmement, en comparant expérimentalement les pratiques pédagogiques, ces études peuvent (au mieux) dire ce qui marche, mais pas nécessairement pourquoi. Interrogeons-nous sur ces deux limites et sur les moyens de les dépasser.
Dans la vraie vie, un enseignant qui s’interroge sur ses pratiques se pose quotidiennement une multitude de questions qui n’ont été abordées dans aucune étude. Quand bien même il existe des études répondant à une question, et quelles que soient leurs qualités, leurs résultats valent pour un ensemble d’apprenants donné dans un contexte donné. L’accumulation d’études différentes et leur synthèse dans des méta-analyses apporte aux résultats un certain degré de généralité, mais n’offre pas non plus de garantie de couvrir tous les apprenants et toutes les situations. Enfin, quels que soient les efforts qu’un enseignant fera pour mettre en œuvre fidèlement les pratiques pédagogiques les plus recommandées par la recherche, il sera parfois difficile voire impossible de les implémenter à l’identique des études dans lesquelles elles ont été validées. Bref, quand bien même un enseignant serait un puits de science tel qu’il aurait assimilé les 50000 études résumées par Hattie et les pratiques qui en découlent, il se retrouverait tôt ou tard dans un « trou » non couvert par les études, ou dans l’obligation d’adapter ces pratiques aux apprenants et aux situations rencontrées, et donc de devoir prendre des décisions difficiles sur la meilleure manière d’adapter sa pratique, parmi toutes celles qui sont concevables.
Comment faire dans toutes ces situations non décrites par la recherche ? Le mieux qu’un enseignant puisse faire, c’est d’utiliser son jugement sur la base de ses connaissances et de son expérience. Cela peut sembler relever de l’intuition, du « sens pédagogique », au même titre que les médecins utilisent leur « sens clinique » pour prendre des décisions dans les cas non couverts par les essais cliniques randomisés contrôlés. Mais les intuitions ne sont pas de la magie. Même si nous n’avons pas conscience des mécanismes de leur formation, elles sont produites par notre cerveau sur la base de nos connaissances et de nos expériences acquises. De la même manière que le « sens clinique » des médecins a d’autant plus de chances d’aboutir à un diagnostic correct et à un traitement efficace qu’il s’appuie sur des connaissances médicales solides, les « intuitions pédagogiques » des enseignants ont d’autant plus de chances d’être justes qu’elles s’appuient sur des connaissances solides des pratiques efficaces, leur donnant les meilleures chances de transférer leurs compétences aux situations nouvelles.
Ainsi, il serait trompeur de croire que, sous prétexte que les études scientifiques répondent rarement aux questions précises que l’on se pose, et ne s’appliquent pas toujours aux situations que l’on rencontre, il serait inutile d’en prendre connaissance. Au contraire, une bonne maîtrise des connaissances scientifiques actuelles sur l’efficacité des pratiques pédagogiques est la meilleure base que les enseignants puissent avoir pour inventer les pratiques qui répondent à leurs besoins dans leurs circonstances à eux.
Abordons maintenant le second point, selon lequel les recherches en éducation permettent de savoir ce qui marche, mais pas pourquoi. C’est vrai, mais ce n’est pas leur objet. C’est là que la psychologie, science du fonctionnement de l’esprit humain, a un rôle important à jouer : en donnant à comprendre comment fonctionne l’apprenant (et aussi l’enseignant !), elle permet de mieux comprendre pourquoi certaines pratiques pédagogiques et certaines situations sont plus propices aux apprentissages que d’autres.
Comprendre les mécanismes psychologiques qui expliquent les résultats des sciences de l’éducation est intéressant en soi, et procure une certaine satisfaction intellectuelle, de savoir non seulement ce qu’il faut faire, mais aussi pourquoi il faut le faire. Mais ce n’est pas son seul intérêt, loin de là. Mieux comprendre les mécanismes est aussi un gage de transfert des résultats de la recherche en éducation aux situations de la vie réelle. En comprenant les mécanismes psychologiques de l’apprenant qui font que certaines pratiques pédagogiques font mieux apprendre que d’autres, l’enseignant est encore mieux à même de combler les trous de la recherche en éducation, d’extrapoler les bonnes pratiques au-delà de celles qui ont été évaluées. Parmi toutes les pratiques concevables que les enseignants peuvent inventer pour répondre à leurs situations réelles, celles qui sont les plus compatibles avec les contraintes cognitives de l’apprenant sont certainement un meilleur pari que celles qui s’en affranchissent.
C’est sur ce terrain que le livre que vous tenez entre les mains ambitionne d’offrir le meilleur des deux mondes. Ecrit à quatre mains par le chercheur en éducation John Hattie et par le chercheur en psychologie Gregory Yates, il ne se présente ni comme un manuel de sciences de l’éducation, ni comme un manuel de psychologie. Il balaye plutôt une succession de thèmes qui sont absolument essentiels pour les enseignants : l’importance de la relation enseignant-élève, de l’automatisation, du retour d’information (feedback), de l’enseignement explicite, de la confiance en soi, de l’auto-régulation, les mécanismes de l’apprentissage et de la mémorisation, les contraintes imposées par l’attention et la mémoire de travail (charge cognitive), et les limites de certains « neuromythes ».
« L’apprentissage visible : ce que la science sait sur l’apprentissage » réalise ainsi un exercice difficile et inédit en langue française, celui de puiser à la fois dans la psychologie et dans les sciences de l’éducation, et d’en extraire les résultats de recherche les plus solides et les mieux établis, afin de distiller aux enseignants une connaissance fiable et à jour, à la fois sur les pratiques pédagogiques ayant le plus fait la preuve de leur efficacité, et sur les mécanismes psychologiques sur lesquels elles s’appuient, leur donnant ainsi les meilleures chances d’extrapoler les bonnes pratiques aux situations réelles qu’ils rencontrent quotidiennement dans leur classe.
Traduction analogue (?)