Explosion à Schellebelle: le rail est-il sûr ?
Que se serait-il passé si l'accident s'était produit non pas dans une zone peu habitée, mais un peu plus loin, à la périphérie de la grande ville Gand, destination du train?
L'accident de train transportant des produits toxiques, qui aurait pu se transformer en catastrophe au lourd bilan samedi en Belgique, relance la question de la sécurité du rail en Europe.
Une personne a trouvé la mort et 49 ont été hospitalisées samedi près de Gand (nord) après le déraillement et l'explosion de plusieurs wagons-citernes contenant un produit chimique liquide inflammable et très toxique, selon le dernier bilan publié dimanche par les autorités.
Le conducteur a reconnu qu'il roulait plus vite que la limite imposée lorsqu'il a engagé son train dans un aiguillage après une zone de travaux. L'accident s'est produit dans la nuit vers 02H00 locales entre les localités de Schellebelle et Wetteren. L'Escaut coule à proximité. Six des treize wagons du train ont déraillé et deux se sont couchés.
Le choc a provoqué une explosion, puis une lame de flammes s'est propagée sur plusieurs centaines de mètres. Le feu a pris dans trois citernes transportant de l'acrylonitrile, utilisé pour les matières plastiques. Le gaz dégagé est proche du cyanure, ont indiqué les experts. L'acrylonitrile est classé produit dangereux dont il faut impérativement éviter l'infiltration dans les cours d'eau et les égouts.
L'alerte a été immédiatement donnée par le conducteur et un plan catastrophe a été déclenché. Un périmètre de sécurité de 500 mètres autour du lieu de l'accident a été établi et quelque 500 riverains ont été évacués.
Les autorités ont rapidement annoncé maîtriser la situation. Mais lorsque le gouverneur de la province a annoncé samedi après-midi qu'il y avait deux morts et 14 blessés, il a jeté un froid et semé le doute sur l'ampleur de la catastrophe.
Le bilan a été ensuite révisé à un mort et 33 personnes hospitalisées. L'acrylonitrile s'est en effet introduit dans les égouts, et des gaz toxiques dégagés en réaction chimique ont atteint des zones situées à un kilomètre de l'accident qui n'avaient pas été évacuées, a expliqué la ministre de l'Intérieur, Joëlle Milquet.
Des doutes subsistent donc quand les autorités assurent que tout danger est désormais écarté, que l'Escaut n'a pas été pollué et que les mesures pour contrôler la qualité de l'air donnent de bon résultats.
Une question commence à se poser: que se serait-il passé si l'accident s'était produit non pas dans une zone peu habitée, mais un peu plus loin, à la périphérie de la grande ville Gand, destination du train?
L'accident de Schellebelle est le troisième à impliquer des trains transportant des produits toxiques depuis mai 2012 en Belgique.