Research Works Act, un projet de loi liberticide de plus

Research Works Act, le troisième acte…

A côté des projets de loi américain SOPA et PIPA, un troisième projet pernicieux a été introduit ces derniers mois auprès de la chambre des représentants des États-Unis : le RWA ou Research Works Act, dont certaines clauses visent à interdire le libre accès aux publications scientifiques financées par l’État Américain, et donc revenir sur la politique des National Institutes of Health en faveur du libre accès aux publications en ligne dès lors qu’elles sont financées par le contribuable américain. Si ce projet était entériné, il pourrait aussi restreindre sévèrement le partage de données scientifiques.

Les défenseurs et les opposants

Parmi les défenseurs du RWA, on trouve l’Association des Éditeurs Américains (AAP) et la Copyright Alliance. Fort heureusement, d’autres groupes, qui défendent par contre la science ouverte et le libre accès, critiquent le Research Works Act, notamment la Scholarly Publishing and Academic Resources Coalition, l’Alliance for Taxpayer Access, l’American Library Association et l’International Society for Computational Biology.

La position de NPG, le groupe publiant la revue Nature

Dans le dernier numéro de Nature Physics (n°8, p101 du 2 février 2012), on trouve dans les éditoriaux une intervention titrant “Out of the darkness” (hors de l’obscurité) indiquant l’inquiétude grandissante au sein des communautés scientifiques et des bibliothèques. La société NPG (Nature Publishing Group), à laquelle appartient la revue Nature Physics, ne supporte ni SOPA, ni PIPA ni bien sûr le Research Works Act (cf. la position publiée sur le site : http://www.nature.com/npg_/press_room/index.html). Cependant, comme MIT Press, le Rockefeller University Press, et l’American Association for the Advancement of Science (AAAS), tous également opposés au projet de loi, Nature Publishing Group a signalé ne pas avoir pour autant l’intention de quitter l’Association des Éditeurs Américains. Le recensement des pours et des contres au sein de ce syndicat sera certainement révélateur des influences et donc du devenir du RWA.

Le cas de l’éditeur Elsevier

La position d’Elsevier est clairement en faveur du RWA et ce groupe ne s’encombre d’ailleurs d’aucun scrupule en finançant généreusement des politiciens à l’origine de la proposition de loi. Avec un bénéfice annuel de l’ordre du milliard d’euros (36 % de son chiffre d’affaire), ce n’est pas étonnant que ce géant de la publication craigne pour sa part de gâteau, alors qu’éclosent des revues en Open Access de grande influence, telles que PLoS One. Dans ces circonstances, l’appel au boycott contre Elsevier du mathématicien Timothy Gowers prend tous son sens !

Que faire ?

Les scientifiques fournissent gratuitement les articles aux revues. Ce sont aussi eux qui effectuent la sélection des articles (peer reviewing), et finalement ces nombreuses revues détiennent les droits (copyright) et revendent ces articles aux chercheurs par le biais des abonnements pris par les bibiliothèques. Il faudrait être sot pour ne pas vouloir remettre en cause ce système !

Il est donc plus que jamais important de réfléchir vers quelle revue un article sera soumis, et s’il est bien opportun d’acceper d’être “referee”  d’un article pour certains éditeurs…

Références :